2.6.07

a poesia de Paul Celan



Le secret des fougères

Sous la voûte des épées le coeur vert-feuilles des ombres s'examine.
Les lames sont luisantes: qui, dans la mort, ne traînerait devant des miroirs ?
Et puis, on sert ici dans des cruches le breuvage de mélancolie vivante :
son bouquet de ténèbres s'exhale et monte, avant qu'elles boivent, comme si elle
n'était pas d'eau,
comme si elle était ici belle pâquerette qu'on effeuille et questionne sur un amour
plus obscur,
sur des coussins plus noirs pour la couche, ou des cheveux plus lourds...

Mais ici on ne tremble que pour la lueur du fer,
et si doit surgir l'éclat d'une chose encore, que la chose soit épée.
Nous ne vidons la cruche de la table que parce que des miroirs régalent :
qu'il s'en brise un en deux où nous sommes verts comme feuilles !

Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.

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